Pourquoi apprécie-t-on les paysages des lacs de montagne ?
Arrivées de nombreuses randonnées, les lacs sont des SITES TOURISTIQUES
La randonnée est l’activité de montagne la plus pratiquée en été, la plus connue, la plus renommée et la plus communiquée (magazine de randonnée, office du tourisme …).
Comme l’expriment de nombreux témoignages, le lac d’altitude est le point d’arrivée, le lieu du pique-nique, de la pause, la fin de la montée1 … on entend que l’accès est loin, compliqué ; c’est parfois une épreuve de monter jusqu’au lac, qui est l’accomplissement de la randonnée.
Le lac d’altitude est un objet majeur de la communication touristique : topoguide, site internet, prospectus, … la plupart des documents sur les activités estivales que l’on retrouve dans les offices de tourisme des villages de montagne montrent des lacs d’altitude.
Les magazines de randonnées, vus à large échelle notamment en ville et en plaine, participent à l’attrait du public touristique pour les randonnées vers les lacs d’altitude.
Que faites-vous lorsque vous arrivez à proximité d’un lac ?
(témoignages de l’enquête 1) :
- J’observe le lac
- Je savoure
- Je prends de multiples photos avec les reflets
- A la recherche du poisson
- Je profite de mon univers en observant ce qui m’entoure
- Je regarde ce que je peux observer : grenouille/tétard, poisson, insectes, triton...
- La sieste
- J’observe le lac, sa géomorphologie, sa végétation, sa faune, ...
- Souvent c’est le lieu du casse-croute ! C’est sûr que je vais essayer de faire la pause de midi à proximité !
- En faire le tour pour l’apprécier sous tous les angles
- Je contemple, je rêve
En comparaison avec les lacs de plaine, les lacs d’altitude sont souvent peu accessibles et les loisirs associés au lac diffèrent.
De manière générale, les activités récréatives peuvent être classées en trois catégories2 qui dépendent en grande partie de l’accès aux lacs :
- le « premier contact » : les activités aquatiques immersives, telles que la natation ou le kayak
- le « contact secondaire » : les activités qui peuvent être pratiquées au lac sans contact direct avec l’eau, comme la pêche ou la navigation de plaisance
- le « contact visuel » uniquement : les activités qui se déroulent au bord du lac ou à proximité du lac, comme la randonnée ou le vélo
Pour les lacs d’altitude, les activités s’en tiennent la plupart du temps à un « contact visuel ». Même si avec le changement climatique et la fréquentation croissante en montagne, le « premier contact » (baignade) est de plus en plus attendu.
Les lacs d'altitude ont une valeur ESTHÉTIQUE
Le lac d’altitude et son pourtour ont une valeur esthétique, c’est un beau paysage !
Les ambiances au bord des lacs d’altitude peuvent varier selon la météo mais la plus commune, par beau temps, est une atmosphère calme, accueillante … L’eau du lac transparente renvoie l’image de pureté.
Cette atmosphère est favorisée par le calme qui règne déjà en haute montagne : il n’y a pas de bruit comme en ville. A l’inverse, quand la météo change avec l’arrivée de nuages, le paysage prend alors une autre dimension.
La perception du lieu est aussi différente selon les personnes : sportif réalisant son entrainement, touriste découvrant le lieu, photographe qui a préparé sa sortie …
L’esthétique du paysage est également liée au point de vue sur le lac. Souvent la randonnée grimpe jusqu’à un col ou un sommet puis le lac « apparait », il ne reste alors qu’à contempler le lac (en reprenant son souffle !).
Les lacs d'altitude sont EMBLÉMATIQUES
Les lacs d’altitude sont des écosystèmes emblématiques. Ils apparaissent comme naturels, éloignés de tout….
Ces lieux ont une valeur particulière, ils représentent une nature « non contrôlée » et non impactée, à la différence des paysages de plaine où la trace des sociétés humaines est beaucoup plus visible.
Dans les faits, les études scientifiques montrent bien que les changements globaux affectent particulièrement ces milieux (voir questions 17, 18 & 19).
Les lacs d’altitude abritent une biodiversité d’intérêt. Les scientifiques et naturalistes leurs reconnaissent une valeur écologique particulière : ce sont des écosystèmes rares et uniques3.
Le réseau Lacs Sentinelles s’est construit en lien avec ces questions et le besoin de mieux connaître ces milieux emblématiques de montagne : Sont-ils en « bonne santé » ? Quelles sont les menaces ? Comment les protéger ?
Les lacs d’altitude représentent la notion de grands espaces, de nature intacte …. et ce depuis longtemps comme le suggère la citation de Thoreau ou le travail mené via le jeu en ligne Paysages in situ (www.lelaboratoire.net/paysagesqrcode) avec notamment le tableau de Edouard Brun peint en 1901 représentant le lac Merlat.
De manière plus générale, cette fascination pour la montagne comme nature préservée et « à photographier » se développe de plus en plus. Dans le passé, cette image était sûrement plus nuancée 4 :
« On ne regarde sans doute pas le paysage aujourd’hui comme on le regardait autrefois, lorsque les individus étaient majoritairement reliés à la terre dans leurs activités quotidiennes, ni même plus récemment lorsque notre rapport quotidien au monde extérieur ne transitait pas encore si fréquemment par l’écran de l’ordinateur ou le téléphone mobile. » de Philippe Mouillon, dans la revue « Local contemporain 9 ».
En Savoir plus
(1) Réseau Lacs Sentinelles, « Qu’aimeriez-vous savoir sur les lacs de montagne ? | résultats de l’enquête grand public», 2021. www.lacs-sentinelles.org/fr/ressources/r%C3%A9sultat-enqu%C3%AAte-percep...
(2) E. Doherty, G. Murphy, S. Hynes, et C. Buckley, « Valuing ecosystem services across water bodies: Results from a discrete choice experiment », Ecosystem Services, vol. 7, p. 89 97, 2014, doi: 10.1016/j.ecoser.2013.09.003.
(2) U. Schirpke, M. Ebner, H. Pritsch, V. Fontana, et R. Kurmayer, « Quantifying Ecosystem Services of High Mountain Lakes across Different Socio-Ecological Contexts », Sustainability, vol. 13, no 11, Art. no 11, janv. 2021, doi: 10.3390/su13116051.
(4) P. Mouillon, « De l’imprégnation et de l’approche à la volée », revue Local contemporain, n° 09 : «Paysages singuliers, paysages pluriels», Laboratoire, 2017, https://issuu.com/laboratoire1/docs/local_contemporain_09
Fiche 16 : Pourquoi apprécie-t-on les paysages des lacs de montagne ?