Qu'est-ce qu'un lac de montagne ?

Bien qu’il n’y ait pas de définition claire du terme « lac de montagne », ou « lac d’altitude », différents critères existent pour classer les lacs.

A partir de quelle altitude parle-t-on de "Lac de montagne" ?

Il est compliqué de donner une altitude seuil car selon les régions, les lacs peuvent être situés dans des environnements similaires mais à des altitudes complètement différentes : ceci dépend principalement de la latitude et des influences climatiques. De ce fait, il est préférable de prendre en compte des caractéristiques liées aux températures et aux durées d’enneigement. Les lacs d’altitude seraient donc les lacs qui se situent à partir de l’étage subalpin, caractérisé en Europe par la faible présence de feuillus, faisant place aux conifères.

Dans les Alpes, on pourrait donner le seuil de 1500m d’altitude. Néanmoins, les lacs des Vosges situés à 700m d’altitude sont comparables sur certains points aux lacs alpins à 2000m d’altitude.

Quand parle-t-on de lac d'altitude ?

Selon les auteurs, l'altitude à partir de laquelle on peut parler de "lac d'altitude" varie entre 1000 et 1500 m, et leur superficie minimale entre 0,5 hectare et 1000 m² (1)(4).
Il est régulièrement mentionné que ce sont des eaux permanentes, d'une profondeur supérieure à 3 mètres et recouverts de glace pendant une longue période de l'année(1)(2).

Les lacs d'altitude selon Lacs sentinelles

Au sein du réseau Lacs sentinelles, plusieurs éléments sont pris en compte :

  • La présence d'une couche de glace pendant plusieurs mois durant l'hiver
  • Une profondeur suffisante pour qu'une stratification thermique (voir question 5) ait lieu durant l'année
  • Une étendue d'eau permanente : sauf exception (comme le lac Long dans le massif de la Vanoise), les lacs ne s'assèchent pas durant l'été
  • Une localisation à partir de l'étage subalpin, qui se situe à des altitudes entre 1400 m et 1800 m dans nos latitudes. On compterait plus de 600 lacs d'altitude au-dessus de 1800 m dans les Alpes française.
Lac de la Lauze (Écrins)

Le réseau Lacs Sentinelles

Le réseau Lacs sentinelles étudie plus d'une vingtaine de lacs à travers les Alpes et les Pyrénées. Ces lacs sont tous très différents en termes de latitude, altitude mais aussi en terme de morphologie (profondeur, surface, ...).

Trois exemples de lacs suivis par le réseau Lacs Sentinelles

Les lacs sont très différents les uns des autres. Ici, on voit bien que le lac de Pormenaz a un bassin versant très "vert". A l'inverse, celui du lac de Bresses inférieur est presque exclusivement minéral.

Ces différences sont visibles dans l'eau du lac, (par exemple lorsque des analyses chimiques sont faites) mais également dans la couleur de l'eau du lac (voir question 7).

Ainsi, tout ce qui se passe dans le bassin versant du lac peut avoir des conséquences sur le lac (voir question 4), la végétation présente, la géologie et la dégradation des roches, la présence de glacier, la quantité d’eau… Chaque lac est donc unique et les études actuelles montrent bien qu’il y a une grande diversité de lacs d’altitude, même au sein d’un même massif de montagne.

Lac de Pormenaz (Passy)
Lac de Bresses inférieur (Mercantour)
Lac Merlet (Vanoise)
Lac du Bourget

Quelles différences entre un lac d'altitude et un lac de plaine ?

De nombreuses différences peuvent être soulignées :

  • De manière générale, les bassins versants des lacs d’altitude sont souvent beaucoup plus petits et ont généralement plus de relief que ceux des lacs de plaine.

  • La richesse en termes de biodiversité est moins importante et les espèces qui s’y développent différentes (voir question 8) : la saison hivernale est beaucoup plus contraignante pour les êtres vivants dans les lacs d’altitude.

  • Leur bassin versant sont moins soumis aux activités humaines qui s’appuient sur les nombreux services que rendent naturellement les lacs de plaine : approvisionnement en eau potable, tourisme, pêche… De nombreux enjeux sont ainsi à prendre en compte, comme la pression d’urbanisation, l’agriculture et les intrants, les pollutions…

Par contre, comme en plaine, le fonctionnement des lacs d’altitude est fortement soumis à des périodes de stratification et de brassage des eaux, qui ont lieu selon les périodes de l’année (voir question 5).

Qu'est-ce qui caractérise un lac ?

De nombreuses définitions du terme « lac » existent en fonction des disciplines, les plus communes se basant sur des valeurs de superficie et de profondeur. Il semble intéressant ici de présenter une définition reposant sur les caractéristiques physiques et biologiques dépendantes de la profondeur. Nous considérons les lacs comme des plans d’eau suffisamment profonds pour maintenir pendant de longues périodes (plusieurs semaines) des températures différentes entre la surface et le fond.

D’autres définitions prennent en compte la profondeur : si celle-ci est suffisamment grande et que la lumière ne parvient pas jusqu’au fond du lac, le développement de végétation enracinée sur l’ensemble de la superficie sera empêché, et l’on pourra alors parler de « lac ». Ce critère est moins pertinent dans certains lacs d’altitude dont la transparence de l’eau est très forte, permettant à la lumière d’atteindre de grande profondeur.

Et quelle différence avec une mare ou un étang ?

Une mare est beaucoup plus petite (moins de 0,5 hectare) et peu profonde (moins de 3m) (3). Elle se remplit via l'eau de pluie, le ruissellement ou la présence de résurgences. Un étang fait souvent moins de 6 m de profondeur (3). La grande différence avec un lac est qu'un étang est constituté d'une seule couche d'eau homogène. Il y a très peu de circulation d'eau dans un étang.

Les lacs étudiés dans les Alpes

Lac de Bresses inférieur
Lac de Pormenaz
Lac du Bourget
Lac de Bresses supérieur
Lac Merlet
Lac de Pormenaz
Lac de Pormenaz (Haute-Savoie)

Lacs Sentinelles en vidéo !

Cette vidéo a été crée dans le cadre du projet Sentinelles des Alpes. Le projet Sentinelles des Alpes regroupe plusieurs dispositifs d'observation des relations climat-homme-biodiversité : les lacs de montagne, les têtes de bassins versants, les alpages en lien avec leurs exploitations, la flore et les habitats emblématiques des Alpes, les environnements de haute montagne. Tous les objets de suivi y sont vu comme des sentinelles des changements affectant les territoires des Alpes : changements climatiques, changements des modes d'utilisation des terres, modification des pratiques agro-pastorales, sportives et récréatives.

En savoir plus

(1) Programme Inter-parcs, Ministère De L’environnement, « Typologie des lacs de montagne en vue de leur gestion - Synthèse des résultats acquis dans le cadre de la typologie primaire des lacs. » , Programme de recherche inter-espaces protégés, 1986.

(2) Cemagref, « Les lacs de montagne. Inventaire diagnostic d’un patrimoine national » , Cemagref Grenoble, 1985.

(3) Eaufrance - http://www.zones-humides.org/annexes/foire-aux-questions-faq/lac-etangs-... [consulté en avril 2021]

(4) F. Prud’homme, B. Durand, L. Gire, et M. Infante‑Sanchez, « Première synthèse sur la flore et les végétations des lacs des Pyrénées françaises », p. 28, 2018.

(5) J.-L. Edouard, « Les lacs d’altitude dans les Alpes françaises : contribution à la connaissance des lacs d’altitude et à l’histoire des milieux montagnards depuis la fin du Tardiglaciare », Thèse de doctorat d’Etat spécialité géographie, Université Joseph Fourier, Grenoble, 1994.

Fiche 1 : Qu'est-ce qu'un lac de montagne ?