Qui vit dans les lacs de montagne ?

Lorsque l’on s’intéresse à la vie présente dans les lacs de montagne, on pense la plupart du temps aux espèces que l’on y a déjà vu, comme les poissons, grenouilles, tritons, larves d’insectes, algues… Pourtant, la plupart des organismes vivant dans ces lacs sont microscopiques !

Que signifie « trophe » ?

Etymologiquement, « trophe » vient grec ancien « trophê » qui signifie « la nourriture » ou « la croissance ». En biologie, on le retrouve fréquemment en préfixe ou suffixe. Le réseau trophique est l’ensemble des chaînes alimentaires d’un écosystème, entre lesquelles circulent l’énergie et la biomasse, c’est-à-dire l’ensemble des matières vivantes animales et végétales. Autre exemple, l’eutrophisation d’un lac est le fait qu’il y ait une augmentation des ressources nutritives dans le lac.

Qu’entend-on ici par « nutriment » ?

Un nutriment est une substance alimentaire pouvant être directement assimilée. Il en existe plusieurs sortes, comme les sels minéraux, protéines, glucides, lipides, vitamines…

Les lacs d’altitude sont caractérisés par une pauvreté en éléments nutritifs disponibles pour la faune et la flore aquatiques, en particulier en phosphore et en azote. On dit qu’ils sont oligotrophes (pauvre en nutriments).

Les espèces sont-elles les mêmes partout dans le lac ?

Du fait de la répartition de la lumière et des nutriments, qui dépend de facteurs physiques, climatiques ou géologiques, on définit 3 grandes zones dans les lacs. Le développement de la vie sera différent entre ces diverses zones du lac. 

Les zones littorales

Elles sont de loin les plus diversifiées et les plus riches en organismes vivants.  La lumière parvient jusqu’au fond, ce qui permet aux végétaux enracinés (qui ont des racines au fond du lac) de s’y développer. Ces végétaux de grandes tailles servent de support à toute une faune (mollusques, insectes, amphibiens) mais aussi à une flore microscopique particulièrement riche que l’on appelle le périphyton.

La pente des berges influence donc la vie du lac : si la pente est douce, une large ceinture de végétation littorale peut s’installer, et le lac peut accueillir une plus grande biodiversité.

Ces ceintures littorales constituent également un habitat important pour la reproduction de certaines espèces comme des poissons.

Lac de Pormenaz
Laouchet de Pormenaz
Lac Bramant

La zone pélagique

Elle correspond au milieu du lac. Les organismes présents ont la capacité de flotter ou nager. La seule flore que l’on retrouve est microscopique : il s’agit du phytoplancton.

 

Le phytoplancton est composé essentiellement de microalgues dites chlorophylliennes qui se développent grâce à l’énergie solaire, au gaz carbonique et à des éléments nutritifs (comme le phosphore et l’azote) dissous dans l’eau, transformant ainsi des éléments inertes en biomasse. Ce processus appelé photosynthèse entraîne également la formation d’oxygène qui est libéré dans l’eau.

Du fait de la présence du phytoplancton dans cette zone du lac, on y retrouve également du zooplancton, c’est-à-dire du plancton animal.

Le zooplancton est considéré comme un maillon clef au sein du réseau trophique, car il se situe entre le phytoplancton qu’il broute et certains poissons à qui il sert de nourriture. Il est majoritairement constitué de microcrustacés, dont les espèces et abondances sont variables d’un lac à un autre.

Plancton au microscope
Lac blanc (74)

La zone benthique

Elle se situe au fond du lac et elle échappe dans la plupart des cas à la lumière.

On y retrouve principalement des organismes décomposeurs tels que les bactéries, les champignons et des larves d’insectes. Ceux-ci transforment les déchets dont une partie restera piégée dans les sédiments et une partie retourne dans l’eau où ces nutriments seront alors utilisés par les algues et autres végétaux.

Comment fonctionne le réseau trophique du lac ?

Le réseau trophique du lac forme un cycle, et chaque espèce a besoin des autres pour survivre et se développer. Ces écosystèmes de lacs de montagne sont fragiles et uniques, des perturbations, telles que l’introduction de poissons ou de plantes invasives bouleversent cet équilibre (voir question 13).

Cet écosystème de lacs de montagne est nécessaire au développement de la vie en montagne. Les animaux vivant à proximité y trouvent, en plus de l’eau nécessaire à leur survie, des sources d’aliments.

C’est par exemple le cas des chauve-souris, oiseaux, mais aussi insectes et amphibiens qui pour certains vivent dans les lacs à l’état larvaire.

Grenouille rousse
Larves d’éphemères © Parc national des Ecrins - Albert Christophe
Triton alpestre

Le saviez-vous ?

En France, dans les lacs de montagne on retrouve seulement 7 espèces d’amphibiens.

Au-dessus de 1500m d’altitude et dans les Alpes plus que trois espèces communes : la Grenouille rousse, le Crapaud commun et le Triton alpestre.

Ces espèces sont adaptées aux conditions d’altitude et résistent aux hivers malgré les faibles températures (voir question 11).

Lac d'Anterne

Pour en savoir plus

  • Projet GREEN - action Lac, inventaire mené dans les espaces naturels pyrénéens pour améliorer la connaissance de la biodiversité des lacs, www.green-biodiv.eu/
  • F. Prud’homme, B. Durand, Bruno. L. Gire et M. Infante (2020). «Première synthèse sur la flore et les végétations des lacs des Pyrénées françaises», Projet Green, 2020.
  • B. Gerfand et F. Arthaud, «Caractérisation des réseaux trophiques des lacs d’altitude et explication des métriques réseau par les facteurs environnementaux dans le cadre du réseau Lacs Sentinelles», 2021.
  • P. Debay, B. Lambey et J.C. Villaret, « Alpes Palustres. Végétations palustres et aquatiques des mares et lacs d’altitude», Conservatoire botanique national alpin, 2021.
  • M. Sineau et C. Miaud, «Intéractions entre les poissons et amphibiens» 2010
  • F. Arthaud, R.Moine et J.N. Avrillier, «Inventaire de la biodiversité végétale des lacs d’altitude de l’observatoire Lacs Sentinelles», 2017
  • L. Feret, A. Bouchez A et F. Rimet  «Benthic diatom communities in high altitude lakes: a large scale study in the French», Ann. Limnol. - Int. J. Lim. 53: 411–423, 2017. https://doi.org/10.1051/limn/2017025

Fiche 8 : Qui vit dans les lacs de montagne ?